Un point de vue français

Un point de vue français

60 ans après le Traité de Rome, un point de vue français

Nous y sommes ! Nous n’y sommes pas tous, mais nous sommes tout de même arrivés à 28 pays pour fêter les 60 ans de l’Europe. Le 25 mars 1957, date du Traité de Rome, seuls 6 pays ont signé la création de la Communauté Européenne, qui deviendra l’Union Européenne à partir de 1993. Parmi les 6 pays fondateurs, il y avait la France avec toute sa conviction. Conduits par l’ide de Jean Monnet, qui a trouvé un écho grâce à la voix de Robert Schuman, les Français ont accepté la grande idée européenne.

Vue comme un instrument de paix et de stabilité, l’idée d’Europe était au service des pays pour une reconstruction rapide et plus facile du continent. L’Europe a aussi (et peut-être surtout) été considérée par la France et par ses dirigeants successifs comme un tremplin vers un pouvoir et une influence plus larges, parce que de dimension européenne. L’amour envers la patrie française, la défense des valeurs nationales et l’influence de la France dans le monde ont caractérisé l’action de la France dans le processus d’intégration européenne. Comme l’a rappelé le général de Gaulle en 1954 : toucher à la souveraineté française ne faisait pas partie du « contrat européen », et la France l’a montré jusqu’à aujourd’hui.

Cependant, les grands pères fondateurs français, qui aimaient l’Europe autant que la France, ont heureusement laissé une descendance fertile. De nombreux présidents français, Valéry Giscard d’Estaing en tête, ont continué à se dépenser pour la cause européenne. Giscard d’Estaing, reprenant les discours pleins d’espérance des pères fondateurs, a laissé rêver (comme Jacques Delors) d’une Union Européenne politique : une union des peuples européens, mais une union respectueuse de la différence de chaque culture et religion.

En 2005, avec le référendum sur la constitution européenne, les Français ont cependant rappelé que, si la politique et les dirigeants peuvent faire beaucoup, ils ont impuissants sans le consensus populaire. Car le référendum pour la constitution européenne a été repoussé par la majorité des Français. L’expérience de 2005 est assurément la démonstration la plus claire du point de vue français sur l’Union. C’est un refrain que les Français entonnent souvent : si l’Union Européenne est nécessaire, avoir davantage d’Europe, « ce serait trop ». Pourquoi trop ? Parce que les Français, comme nombre d’autres peuples européens, ont peur d’être englobés dans une Europe supranationale, où il n’y aurait plus de distinction entre un Français et un Italien, où la particularité et la souveraineté de chaque pays seraient absorbées par un grand « Tout Européen ».

Si les Français acceptent l’Europe aujourd’hui, c’est parce qu’ils sentent valorisés leur identité et leur ordre socio-économique. Mais plus encore, les Français acceptent l’Europe parce qu’ils partagent les valeurs primaires qui sont à la base de l’Europe de 1957 : la solidarité, le partage, la liberté, la paix et la fraternité entre les peuples. Toutes ces valeurs, donc, qui sont pour la plupart de provenance chrétienne et qui sont ce que les Français voient dans l’Europe. Abandonnant les implications religieuses, ils se sentent attachés à ces fondements moraux  qui sont la base de l’Europe d’aujourd’hui. Même si penser ces valeurs et les revendiquer ne veut pas toujours dire les appliquer – nous le voyons dans l’actuelle crise des réfugiés – il n’en demeure pas moins que les Français se sentent une partie constituante de cette réalité européenne.

Le 25 mars 2017, Rome célèbrera les 60 ans du Traité de Rome. Cet anniversaire nous rappelle que l’Europe est jeune ! Les divers événements, les congrès et la marche pour l’Europe seront les moments forts. Au-delà de la nécessité de la relance de la politique européenne, ce sera aussi l’occasion de rappeler les valeurs chrétiennes qui sont communes à tous les peuples européens. Ces valeurs seront, selon moi, la base de la relance européenne, parce qu’elles sont actuellement les seules qui ne sont pas source de peur, mais d’unité.

 

 

Marie Trélat, étudiante française à Sciences Po Paris, spécialisée en Union Européenne, en particulier l’Europe centrale et l’Europe de l’Est. Vit actuellement à Rome (projet Erasmus) et fréquente l’Université LUISS Guido Carli. Membre de la GFE-Rome (Jeunesse Fédéraliste Européenne), s’occupe du bureau des relations internationales de la section de Rome. A travaillé pendant 5 mois à la rédaction française de Radio Vatican.

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