par Maria Trélat | Jan 27, 2017 | 2017 | 60e Traité de Rome, Actualités, Expériences, réflexions et entretiens
60 ans après le Traité de Rome, un point de vue français
Nous y sommes ! Nous n’y sommes pas tous, mais nous sommes tout de même arrivés à 28 pays pour fêter les 60 ans de l’Europe. Le 25 mars 1957, date du Traité de Rome, seuls 6 pays ont signé la création de la Communauté Européenne, qui deviendra l’Union Européenne à partir de 1993. Parmi les 6 pays fondateurs, il y avait la France avec toute sa conviction. Conduits par l’ide de Jean Monnet, qui a trouvé un écho grâce à la voix de Robert Schuman, les Français ont accepté la grande idée européenne.
Vue comme un instrument de paix et de stabilité, l’idée d’Europe était au service des pays pour une reconstruction rapide et plus facile du continent. L’Europe a aussi (et peut-être surtout) été considérée par la France et par ses dirigeants successifs comme un tremplin vers un pouvoir et une influence plus larges, parce que de dimension européenne. L’amour envers la patrie française, la défense des valeurs nationales et l’influence de la France dans le monde ont caractérisé l’action de la France dans le processus d’intégration européenne. Comme l’a rappelé le général de Gaulle en 1954 : toucher à la souveraineté française ne faisait pas partie du « contrat européen », et la France l’a montré jusqu’à aujourd’hui.
Cependant, les grands pères fondateurs français, qui aimaient l’Europe autant que la France, ont heureusement laissé une descendance fertile. De nombreux présidents français, Valéry Giscard d’Estaing en tête, ont continué à se dépenser pour la cause européenne. Giscard d’Estaing, reprenant les discours pleins d’espérance des pères fondateurs, a laissé rêver (comme Jacques Delors) d’une Union Européenne politique : une union des peuples européens, mais une union respectueuse de la différence de chaque culture et religion.
En 2005, avec le référendum sur la constitution européenne, les Français ont cependant rappelé que, si la politique et les dirigeants peuvent faire beaucoup, ils ont impuissants sans le consensus populaire. Car le référendum pour la constitution européenne a été repoussé par la majorité des Français. L’expérience de 2005 est assurément la démonstration la plus claire du point de vue français sur l’Union. C’est un refrain que les Français entonnent souvent : si l’Union Européenne est nécessaire, avoir davantage d’Europe, « ce serait trop ». Pourquoi trop ? Parce que les Français, comme nombre d’autres peuples européens, ont peur d’être englobés dans une Europe supranationale, où il n’y aurait plus de distinction entre un Français et un Italien, où la particularité et la souveraineté de chaque pays seraient absorbées par un grand « Tout Européen ».
Si les Français acceptent l’Europe aujourd’hui, c’est parce qu’ils sentent valorisés leur identité et leur ordre socio-économique. Mais plus encore, les Français acceptent l’Europe parce qu’ils partagent les valeurs primaires qui sont à la base de l’Europe de 1957 : la solidarité, le partage, la liberté, la paix et la fraternité entre les peuples. Toutes ces valeurs, donc, qui sont pour la plupart de provenance chrétienne et qui sont ce que les Français voient dans l’Europe. Abandonnant les implications religieuses, ils se sentent attachés à ces fondements moraux qui sont la base de l’Europe d’aujourd’hui. Même si penser ces valeurs et les revendiquer ne veut pas toujours dire les appliquer – nous le voyons dans l’actuelle crise des réfugiés – il n’en demeure pas moins que les Français se sentent une partie constituante de cette réalité européenne.
Le 25 mars 2017, Rome célèbrera les 60 ans du Traité de Rome. Cet anniversaire nous rappelle que l’Europe est jeune ! Les divers événements, les congrès et la marche pour l’Europe seront les moments forts. Au-delà de la nécessité de la relance de la politique européenne, ce sera aussi l’occasion de rappeler les valeurs chrétiennes qui sont communes à tous les peuples européens. Ces valeurs seront, selon moi, la base de la relance européenne, parce qu’elles sont actuellement les seules qui ne sont pas source de peur, mais d’unité.
Marie Trélat, étudiante française à Sciences Po Paris, spécialisée en Union Européenne, en particulier l’Europe centrale et l’Europe de l’Est. Vit actuellement à Rome (projet Erasmus) et fréquente l’Université LUISS Guido Carli. Membre de la GFE-Rome (Jeunesse Fédéraliste Européenne), s’occupe du bureau des relations internationales de la section de Rome. A travaillé pendant 5 mois à la rédaction française de Radio Vatican.
par Sr. Nicole Grochowina | Jan 27, 2017 | 2017 | 60e Traité de Rome, Actualités, Expériences, réflexions et entretiens
60 ANS « TRAITÉ DE ROME » 24-25 mars 2017
Le 25 mars 1957, avec la volonté commune de créer les fondements d’une collaboration étroite entre les pays européens, et décidés à sauvegarder le développement économique et social de chaque pays à travers une action commune, qui pourra abolir les barrières qui divisent l’Europe et sauvegarder et consolider la paix et la liberté, six pays européens (Allemagne, France, Italie et les pays du Benelux) ont décidé de créer une « Communauté Économique » basée sur ces fondements de paix, réconciliation et collaboration, ainsi que mentionné au début du contrat.
En même temps, tous les autres États européens sont invités à « se joindre à cet effort ».
La fondation de la « Communauté Économique Européenne » (CEE) allait beaucoup plus loin qu’une recherche d’avantages, parce que dès le début des années cinquante, le ministre des Affaires Étrangères français Robert Schuman (1886-1963) expliquait que la paix en Europe ne pouvait être suffisamment assurée que si les pays réussissaient à contrôler ensemble les ressources minières utilisées pour la guerre, comme le charbon et l’acier.
De plus, dans ce contrat, l’Allemagne est acceptée comme un partenaire équivalent, 12 ans seulement après la fin de la guerre.
Ceci marquait un pas décisif vers la réconciliation sur le continent européen, dans lequel la France et l’Allemagne avaient un rôle déterminant.
Depuis 1992, l’Union Européenne répond en faisant l’union politique du continent. Ce qui ne serait pas pensable sans considérer le contrat signé à Rome sur la « Communauté Économique Européenne », c’est-à-dire le « Traité de Rome ».
Ce contrat est à comprendre comme un acte de naissance de l’Europe unie, même si, dans les détails, il s’occupe de dispositions telles que l’importation, l’exportation, les relations avec les douanes, les tribunaux, l’orientation de la politique économique, la libre circulation des marchandises et la création de commissions.
L’intention avec laquelle tout cela a été établi est importante et est expliquée très clairement dans le préambule : Une Union pour éliminer les barrières, conserver la paix et la liberté, promouvoir le développement et améliorer ainsi les conditions de vie des personnes en Europe, et ceci avec ceux qui étaient ennemis pendant la guerre.
Sœur Ph. D. Nicole Grochowina, de la Christusbruderschaft de Selbitz (Allemagne), professeur d’histoire moderne à l’Université d’Erlangen-Nuremberg depuis 2012. Membre du Comité d’Orientation d’Ensemble pour l’Europe et du Comité des experts en œcuménisme de l’Église évangélique bavaroise.
par Maria Bruna Romito | Jan 27, 2017 | 2017 | 60e Traité de Rome, Actualités, Expériences, réflexions et entretiens
LE TRAITÉ DE ROME ET L’UNION EUROPÉENNE
Le 25 mars 1957 a été signé le Traité de Rome, considéré comme l’acte fondateur de la grande famille européenne. Le premier document signé institue une Communauté Économique Européenne (CEE), le second est l’Euratom, pour la recherche commune sur un usage pacifique de l’énergie nucléaire.
Le Traité CEE réunit les États signataires, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas en une Communauté, avec pour objectif, comme le rappelle l’article 2, de créer un marché commun et de favoriser la transformation des conditions économiques des échanges et de la production dans la Communauté.
Il a aussi un objectif plus politique : contribuer à la construction fonctionnelle de l’Europe politique, vers une unification plus ample de l’Europe. Comme le déclarent dans le préambule les signataires du Traité : « être déterminés à établir les fondements d’une union toujours plus étroite entre les peuples européens ».
Le Traité de Rome avait été précédé, en 1951, par la signature du Traité de Paris, qui constituait la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) : par le contrôle commun de ces industries, on entendait éviter le réarmement unilatéral de l’un des États membres.
En fait, la tentative de promouvoir l’union européenne au niveau politique et économique est née d’un désir qui a vu le jour après la seconde guerre mondiale : associer les États européens de manière à rendre impossible une autre guerre.
« Pour la paix future, la création d’une Europe dynamique est indispensable… Il faut abandonner les voies du passé et entrer dans une voie de transformation… L’Europe n’a jamais existé. Ce n’est pas la somme de souverainetés réunies en conseil qui crée une entité. Il faut vraiment créer l’Europe » (Jean Monnet, Memorandum, 3 mai 1950).
« La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans efforts créatifs à la hauteur des dangers qui la menacent. La contribution que peut fournir à la civilisation une Europe organisée et vivante est indispensable au maintien des relations pacifiques…
L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait » (Robert Schuman, 9 mai 1950).
« Reconstruisons la paix à l’intérieur et à l’extérieur. Et surtout, pour l’obtenir, donnons un témoignage de discipline, d’ordre, de bonne volonté, de travail, cherchons la meilleure répartition possible des biens de la terre, pour surmonter les difficultés qui sont naturelles, mais surmontables si les hommes sont prêts au sacrifice et savent qu’il faut, pour gagner, avoir une foi absolue en la Providence divine » (Alcide De Gasperi, 20 avril 1950).
Les hauts et les bas de l’Union européenne, entre élans extraordinaires et brusques coups de frein, ont amené au cours des années à la signature d’autres traités (http://www.politicheeuropee.it/comunicazione/?c=Version-francaise) avec la création des diverses institutions comme le Parlement européen, la Commission européenne, le Conseil de l’Europe et ainsi de suite.
Maria Bruna Romito, Mouvement des Focolari, diplômée en histoire. A vécu en Hongrie de 1989 à 2000, enseignant l’italien et l’histoire à l’université catholique de Budapest. Vit actuellement à Rome et travaille au Conseil Pontifical de la Culture.
par Koni Brand | Mai 10, 2016 | 2016 Munich, Actualités, Expériences, réflexions et entretiens
L’Europe ? Ombres et lumières… et beaucoup à donner.
Une soirée avec des jeunes du monde entier au siège du Secrétariat international d’Ensemble pour l’Europe.
Atmosphère de joyeuse attente : ils arrivent enthousiastes et l’esprit ouvert, mais en même temps sérieux et conscients que parler de l’Europe aujourd’hui est quelque chose d’important. Au siège d’Ensemble pour l’Europe, fin avril, la soirée commence avec un appétissant plat typique de leur confection et une pizza très italienne. Ils sont 8 jeunes, étudiants ou jeunes professionnels, Européens ou non, originaires de Hongrie, de Slovaquie, du Brésil, du Kenya, du Nigeria et des Philippines. Nous nous sommes laissés surprendre et enrichir en écoutant leurs différentes visions de l’Europe, avec ombres et lumières. Ils ont manifesté un grand intérêt pour le prochain rassemblement de Munich : « Rencontre. Réconciliation. Avenir » et leur désir d’y apporter leur contribution pour que le vieux continent fasse pleinement fructifier les richesses de sa tradition et de sa culture, inspirant ainsi leurs pays respectifs et toute l’humanité.
En regardant le programme prévu, nous nous sommes bien entendu arrêtés – pour écouter des extraits – sur les différents groupes de musique qui seront présents le 2 juillet 2016 sur la grande place de Munich. L’une des chansons au programme semblait très significative : Wir sind eins (Nous sommes un) > https://www.youtube.com/watch?v=Y4zX98_Sr4s
D’ici le rendez-vous de Munich, ces jeunes s’engagent de toutes les manières. Ils ont tout de suite proposé d’inviter leurs amis et connaissances et de diffuser l’invitation sur les réseaux sociaux et tous autres moyens disponibles.
En juillet, certains seront retournés dans leur propre continent, mais Marcos, Marie et Szabina iront à Munich, en tant que constructeurs actifs de l’Europe dès maintenant.
L’équipe du Secrétariat international d’Ensemble pour l’Europe
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nella sede IpE_aprile2016
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nella sede IpE_aprile2016
par Koni Brand | Jan 26, 2016 | Actualités, Expériences, réflexions et entretiens
Début janvier, quelques représentants d’Ensemble pour l’Europe ont été reçus à Rome par le cardinal Koch et les responsables du secrétariat du Conseil Pontifical pour l’Unité des chrétiens. Le dialogue s’est déroulé dans un climat très ouvert.
Gerhard Pross, (YMCA Esslingen), Diego Goller (Mouvement des Focolari), Cesare Zucconi (Sant’Egidio), le père Heinrich Walter (Schönstatt), Thomas Römer (YMCA Munich) et Heike Vesper (Mouvement des Focolari) ont apprécié la disponibilité et l’ouverture du cardinal Koch. Au cours de la rencontre, celui-ci a souhaité que l’on implique davantage l’Église orthodoxe dans le processus de préparation de la rencontre de Munich en juin-juillet prochain. Invité à apporter sa contribution à l’événement, il a offert sa disponibilité à se rendre en Allemagne pour un colloque préliminaire, vu que la plupart des intervenants proviennent de ce pays.
Cette journée de rencontres à Rome s’est terminée par une visite personnelle au cardinal Kasper. Cet entretien a été lui aussi très ouvert et constructif. Gerhard Pross confie : « Le cardinal Kasper nous a accompagnés et suivis plus que tout autre pendant ces 15 dernières années. Il s’est déclaré disponible pour intervenir lors du Congrès. Le fait qu’il nous ait ensuite partagé quelques sujets qui l’occupent actuellement nous a semblé un signe évident de la relation de confiance qui s’est établie au fil des années ».
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Gerhard Proß, P. Heinrich Walter, Kard. Koch
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P. Heinrich Walter, Kard. Koch, Cesare Zucconi
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Diego Goller, Heike Vesper, Gerhard Proß, P. Heinrich Walter, Kard. Koch, Cesare Zucconi, Pfr. Thomas Römer