60º Trattati di Roma /Trento (Italia)

60º Trattati di Roma /Trento (Italia)

Veglia ecumenica per l’Europa, 24 marzo 2017, Chiesetta di Santa Chiara a Trento.

Erano presenti circa 100 persone, fra cui la teologa Milena Mariani, preside dell’ Istituto superiore di scienze religiose e, a nome del sindaco Andreatta, l’assessore Chiara Maule.

Nel programma, si sono alternati interventi, riflessioni, preghiere, canti e letture della Scrittura.

Molto apprezzato il contributo sugli ideali dei fondatori dell’Europa del Prof. Beppe Zorzi, (incaricato dal Presidente della Provincia Autonoma di Trento e del Trentino-Alto Adige, Ugo Rossi). Vedi in fondo il suo testo scaricabile.

Hanno collaborato alla preparazione 7 Movimenti ecclesiali di varie Chiese.

Il vicario generale della diocesi di Trento,  Mons. Marco Saiani, il padre ortodosso rumeno Joan Catalin e la signora Cornelia Steubing, della Comunità luterana di Bolzano (vedi in fondo il suo testo scaricabile), sono intervenuti con delle riflessioni appropriate sul momento storico attuale che vede venir meno i valori fondativi dell’Unione Europea. Particolarmente bello il contributo della comunità ortodossa rumena con un loro tipico canto.

Le impressioni dei partecipanti: un momento intenso di comunione, di unità, di riflessione, che “ha rimesso in cuore il desiderio per un’Europa unita”.

Da scaricare:

Libretto Veglia di preghiera a Trento, 24.3.2017>>
Intervento Prof. G. Zorzi – Veglia per l’Europa a Trento, 24.3.2017>>
Intervento C. Steubing – Veglia per l’Europa a Trento, 24.3.2017>>

Di Mario e Luisa Franzoia

Intervention de Mons. Nunzio Galantino

Intervention de Mons. Nunzio Galantino

Mons. Galantino, Secrétaire général de la conférence épiscopale italienne, lors de la veillée œcuménique à Rome 2017

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde » .

Une considération de caractère littéraire peut nous aider à cueillir toute la force et la portée de cette expression.

Dans les versets qui la précèdent immédiatement (Mt 5,1-12), Jésus avait proclamé les Béatitudes. Donc, ce « vous êtes sel… vous êtes lumière » n’est pas une définition que Jésus entend donner à ses disciples ! Mais plutôt, après avoir proclamé les Béatitudes, Jésus veut dire à ses disciples : vous voyez, si votre vie se déroule dans la logique des Béatitudes… vous êtes sel et lumière de la terre ; seulement si vous vivez dans la logique des béatitudes votre présence contribue à donner du gout à votre vie et à celle des autres, saveur et beauté à votre existence et à celle des autres.

J’ai voulu faire cette présentation parce que beaucoup d’entre nous pensent encore qu’il suffit de se présenter comme « chrétiens » pour que tout de suite on nous croie, pour qu’on nous reconnaisse la fonction de « lumière » (point de référence) et de « sel » (porteur de sens). C’est un discours qui vaut pour nous tous, probablement aussi pour toutes les traditions chrétiennes et pour ceux qui appartiennent à toute foi religieuse. Je crois en fait qu’il s’agisse d’une tentation qui peut atteindre tout homme, de n’importe quel milieu, même au-delà de toute appartenance religieuse. Il y en a même qui pensent qu’il suffise de se présenter vêtus d’une certaine manière ou utiliser un certain langage pour être automatiquement crédible comme personnes qui donnent du gout et un sens nouveaux à la vie.

En nous présentant les béatitudes et en les faisant suivre par ce « vous êtes sel… vous êtes lumière », Jésus a indiqué la route que le croyant est appelé à parcourir. Le disciple de Jésus est appelé à suivre un code bien défini, celui des béatitudes, fait de passion pour les œuvres de paix, d’attention miséricordieuse envers les autres, de vie vécue dans la pauvreté et marquée par la sobriété. C’est cela qui donne un sens et du gout à la vie du croyant, en en faisant une vie qui resplendit.

Souvent, au lieu de répandre du gout et donner de la beauté à travers des gestes et des choix concrets, comme nous le demande Jésus, nous nous engageons (plus souvent, nous « nous donnons un mal fou ») à démontrer, à argumenter. Au lieu d’allumer la lumière, nous préférons organiser quelque chose de mastodonte et de grandiose pour… étonner !

Mais ce n’est pas ce que nous demande l’évangile ! Au contraire il nous donne une indication qui frôle la banalité quand il affirme que l’amour ne se démontre pas, l’amour se vit ; et justement puisqu’il se vit, l’amour ne se démontre pas mais se montre. Le gout authentique des choses ne se démontre pas, mais se réalise. La lumière ne se démontre pas, la lumière s’allume et par la fait même se rend visible.

Lorsque Jésus dit « Vous êtes sel… vous êtes lumière », c’est comme s’il disait : Vous voulez faire connaitre Dieu ? Ne discutez pas sur Lui, ne démontrez rien ; faites plutôt quelque chose de concret ; mais de tellement beau, de tellement sensé et savoureux… que, celui qui vous rencontre puisse spontanément dire : mais c’est vraiment beau ce que tu fais et ce que tu vis ! Qui t’en donne l’inspiration ? Au nom de qui tu le fais ?

C’est ainsi que Dieu veut être présenté et témoigné ! Avec la même force et la même évidence que la lumière ; avec le même gout fort que le sel : à travers des choix et des gestes concrets, qui donnent du gout et inspirent du sens à la vie.

Beaucoup de nos choix pastoraux, et nos manières de nous positionner par rapport à la société où nous vivons, surtout celles qui ne vont pas dans cette direction, risquent d’être des diversions. Nous risquons de cacher l’unique action que l’évangile nous propose : celle de mettre en évidence/témoigner ; ce qui veut dire faire des choix et poser des actes qui rendent avec évidence « savoureuse » la vie vécue avec le Christ. Si la vie du croyant se présente de cette manière, avec une vie qui a un sens, du gout au point de faire de la vie une réussite… alors, même les contenus que nous essaierons de transmettre auront un sens différent ! Alors, que signifie être lumière, sel ? Qu’est-ce qui peut donner du gout et du soleil à notre vie de croyants ?

On peut le faire en s’engageant à ouvrir de nouvelles voies et à rêver à de nouvelles possibilités, en osant plus et en luttant contre le fatalisme et l’habitude : deux maladies mortelles, non seulement pour le croyant ! Nous devons sourire de nouveau et en conséquence faire sourire celui que nous rencontrons. Le sourire, parce qu’il se sent compris, parce qu’il rencontre des gens qui ne supportent pas l’esprit guerrier et discriminant des « petites âmes ». Nous devons sourire de nouveau et rendre le sourire contagieux pour que notre être lumière illumine sans prétendre aveugler ; et notre être sel donne un gout délicat sans prétendre tout assurer. Pensez combien cela dérangerait une lumière qui aveugle et mauvaise une pitance trop salée !

Etre lumière et sel dans le respect de ceux qui nous rencontrent ! Quelle délicatesse est demandée, surtout aujourd’hui, au croyant !

Nous ne soulignerons jamais assez ce que Pierre recommande aux destinataires de sa première lettre : « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui se trouve en vous, à tous ceux qui vous demandent des explications. Mais faites-le avec patience et respect, et en ayant une conscience propre. » (1 Pt 3,15s)

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Prions avec Matthieu 5, 13-16

Seigneur, Tu me demandes d’être « sel”. Tu me demandes donc de rester au contact de la terre, d’être présent dans le temps où je vis, ici et maintenant. Attentif à mes besoins et à ceux qui sont autour de moi.

Tu me demandes d’être « lumière », à un moment où les ténèbres semblent se faire plus épaisses. La lumière me permet de voir le contour et les couleurs des objets, de la réalité et du monde, dans leurs nuances, et dans leur beauté. Mais elle permet aussi de connaitre leurs innombrables nécessités.

Donne de la saveur, Seigneur, à ma vie ; Donne de la consistance à mes espoirs ; Donne de la confiance à mes peurs ; Donne de la lumière à mes obscurités, et paix à mon cœur, à mes pensées, à mes émotions.
 Fais-moi comprendre, Seigneur, que je serai “sel”, si je sais être humble, en ce temps d’arrogance ; homme de paix, en ce temps de malversation ; Libre des « choses », en ce temps où la personne « vaut » en fonction du compte en banque qu’elle possède.

Fais-moi comprendre que je ne serai vraiment « sel » et « lumière » que si je suis engagé à dénoncer tout profit dans un Occident qui a fondé son propre bienêtre sur l’usurpation.

Je serai « sel de la terre » si, avec et dans mon environnement, je ne recule pas devant les nécessités des autres.

Intervention de Andrea Riccardi

Intervention de Andrea Riccardi

Andrea Riccardi, Fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, lors de la veillée œcuménique à Rome 2017

Chers amis,

Cela, ne le cachons pas : de nombreux Européens se sentent perdus et dépaysés. Où va l’Europe ? Résistera-t-elle à la tentation de se séparer ? L’Europe semble ne plus protéger ses ressortissants. Au contraire, certains essaient de parcourir la voie opposée à celle des Pères fondateurs de l’Europe, qui avaient une mémoire vive de l’horreur de la guerre, des murs de haine, des camps de concentration et des ruines. De nos jours, la génération qui se souvient de cette histoire a disparu. On considère peu l’histoire car pris par le présent d’une politique d’émotions et d’angoisse. Le recours à la guerre lui-même en arrive à être considéré trop “normal”, alors que c’est une folie pour celui qui a vu même hier – en Irak ou en Libye – que la guerre produit la guerre.

L’Europe ne vit pas, si elle n’a pas la mémoire. Nous serons le continent du futur si nous sommes celui de la mémoire. Or il faut se souvenir de la grande paix, soixante-dix ans, construite solidement après des siècles de guerres. C’est le fruit de l’Europe unie : la paix a apporté la prospérité, le développement d’une culture aux racines antiques. C’est une réalité qui s’impose, évidente, plus que les émotions et les peurs qui dominent le présent. Cette Europe est notre paix et notre prospérité.

Sa crise est venue, lorsque les égoïsmes l’ont bloquée : égoïsmes nationaux, de groupe, d’intérêts, et enfin personnels. Ils l’ont bloquée dans son élan. L’Europe n’a donc pas accompli le saut qui aurait fait d’elle la protagoniste de la scène mondiale, avec une politique étrangère et de défense en commun. Non seulement la paix pour l’Europe, mais une politique commune de paix pour la Méditerranée, les Balkans, l’Afrique, le monde. « Europe, force tranquille » – disait Tommaso Padoa Schioppa. Les égoïsmes risquent, de nos jours, de la bloquer et de la dévorer de l’intérieur. Ils poussent à redevenir les maîtres des destins nationaux et de voir chez les autres une menace. Ainsi les frontières reprennent de la valeur : envers les immigrés, parmi les jeunes et les personnes âgées, parmi les riches et ceux qui sont fragiles, entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud. Les frontières peuvent devenir des murs : certains pensent qu’ils éloignent les tragédies du monde. L’Europe est, elle aussi, impliquée dans la guerre cruelle en Syrie, qui dure depuis six ans, plus que la première guerre mondiale.

Les murs offrent l’illusion de protéger : en réalité ils manifestent la décadence. Ils sont la ligne Maginot de la défaite morale et politique de l’Europe.

Dans le monde global, l’histoire n’a pas de digues, mais elle demande des acteurs forts et unis. Cela demande d’avancer unis et sans faire marche arrière à la recherche d’abris par groupes ou nations, car nous sommes dans une période globale nouvelle. On ne fait pas marche arrière. Les États nationaux autonomes sont une embarcation pour des navigations des temps passés. Nous devons faire face aux dimensions du défi et de la vie d’aujourd’hui : cela ne sert à rien de poursuivre la politique de l’autruche. Une Europe fermée ou divisée sera submergée par les marchés et par les géants économico-politiques dans un monde global et interdépendant. Sur les scénarios de la globalisation, il faut plus d’Europe, si nous voulons que ce soit la terre des jeunes, si nous voulons que notre identité humanistique, religieuse et des droits survive : il ne suffit pas que ce soit uniquement la terre qui nous protège, nous, retraités, pendant quelques années. Un monde sans Europe manquera d’une force de paix et de sagesse historique.

Nous sommes rassemblés entre chrétiens. L’idée européenne ne fut pas confessionnelle, mais bien chrétienne : elle se développa avec la passion de l’Église du moment. Mais de nos jours, quand l’Est et l’Ouest prennent des voies différentes, quand le grand objectif européen qui exprime une extraversion chrétienne du continent, s’ébranle, où sont les voix des chrétiens ? et celles des Églises ? Quand les frontières se transforment en murs face aux réfugiés, où sont ces voix ? Quand ce monde se retrouve face à un risque de guerre, le silence est souvent là.

La forte voix de Pape François – pensons au discours pour le Prix Charlemagne – reste solitaire dans un christianisme, fragmenté comme l’Europe, peu capable de sortir des égocentrismes de groupe ou ecclésiastiques, incapable de nourrir une vision. Que cette prière commune puisse, que la Parole de Dieu puisse comme à l’époque des prophètes, faire croître une grande vision pour notre époque dans les corps et dans l’esprit. Il faut se remettre à penser et à agir avec élan, avec une vision, parce que nous avons vécu pendant trop de périodes des moments de mesures étroites et des mots sans lumière. Karol Wojtyla, au cours des années pendant lesquelles l’Europe était partagée par un mur dur : « Le monde souffre surtout à cause d’un manque de vision ».

 

Intervention de Gerhard Pross

Intervention de Gerhard Pross

Gerhard Pross, Modérateur de Ensemble pour l’Europe, lors de la veillée œcuménique à Rome 2017

« Ensemble – pour – l’Europe ». Il n’est pas possible de rendre de façon plus précise combien « Ensemble – pour – l’Europe » est important pour environ 300 Communautés et Mouvements d’inspiration chrétienne.

Nous sommes un réseau œcuménique de communautés et de Mouvements chrétiens. Nous venons de plus de 30 Pays européens, de l’Oural à l’Atlantique ; nous parlons des langues différentes ; nous vivons au sein de cultures diverses et nous appartenons à des Églises différentes : nous sommes catholiques, évangélistes, anglican, orthodoxes, d’Églises libres. Parmi nous, vivent des spiritualités diverses.

Pourtant, nous sommes convaincus, car nous en avons fait l’expérience, que l’unité est possible. Notre chemin commun a commencé par une expérience de réconciliation profonde au sein d’un groupe de responsables. L’unité est devenue possible.

Depuis, nous vivons une unité dans la diversité. Chacun conserve son originalité. Mais de la réconciliation, vécue en Jésus Christ, naît la force d’expérimenter la diversité de l’autre en tant que richesse.

Nous rappelons ici, tout particulièrement, trois fondateurs qui, maintenant, nous accompagnent du Ciel : Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, a donné la première impulsion ; Helmut Nicklas, responsable du CVJM (YMCA) de Munich, est devenu l’architecte de l’« Ensemble » ; le Cardinal Miloslav Vlk a exprimé, tout particulièrement parmi nous, le pont entre charisme et hiérarchie ecclésiastique.

Quand, en mai 2004, nous avons invité 10 000 participants à un grand évènement à Stuttgart, l’Europe tirait parti de l’impulsion positive des nouveaux Pays qui s’étaient ajoutés à l’Union Européenne. Au cours de l’été 2016, la situation était bien différente lors d’un grand Congrès et d’une Manifestation auxquels nous avions invité les personnes à Munich seulement 3 jours après la Brexit. Nous avons ressenti et nous ressentons encore maintenant que : L’Europe vit un moment de désarroi.

L’Union Européenne vit une crise après l’autre. Dans une période de crise, ponctuée par des actes de terrorisme, avec des milliers de personnes, là, à Munich, nous avons dit publiquement, clairement et à voix haute, notre ‘OUI‘ à l’Europe. « Il n’y a pas d’alternatives à ‘l’Ensemble en Europe’ ». C’est par ces mots de la Constitution de l’Union Européenne que nous avons commencé notre Message à Munich.

Puis-je le dire d’une manière personnelle en tant que l’un des porte-parole d’Ensemble pour l’Europe ? L’initiative de Munich m’a profondément touché et j’ai placé l’Europe à la première place de mon agenda. Depuis 17 ans nous sommes, ensembles, sur le même chemin, mais il n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui d’exprimer notre OUI à l’Europe.

  • À une époque où se dressent le populisme, les égoïsmes et les nationalismes, nous disons notre OUI à une culture de la relation et de l’alliance.
  • À une époque où les démons qui nous ont amenés plusieurs fois à la catastrophe, reviennent, nous disons notre OUI à l’Évangile, à la réconciliation et à l’amour.

Au sein de nos Mouvements, nous devons éveiller la conscience de l’urgence de notre OUI à l’Europe.

En tant que Communautés et Mouvements, nous devons exprimer publiquement notre OUI à l’Europe.

Nous nous engageons pour une Europe de « l’ensemble ». Pour une Europe qui reconnaisse la diversité en tant que richesse et qui vive « l’ensemble » en paix et en unité. Et notamment, pour une Europe à laquelle Dieu, au cours de l’histoire, a confié une mission : l’ensemble du ciel et de la terre, l’ensemble de la foi et de son incidence sur le monde, parce que, dans le [Christ] crucifié, c’est le ciel et la terre qui se rencontrent.

Aujourd’hui – mais non pas seulement aujourd’hui – à la veille de la célébration des “60 ans du Traité de Rome”, nous nous réunissons pour prier et pour rappeler, en tant que Communautés et Mouvements chrétiens, que nous comptons – en plus de notre engagement – sur l’aide essentielle de Dieu.

L’Europe a besoin de notre prière.

 

Interview avec David-Maria Sassoli

Interview avec David-Maria Sassoli

Monsieur David-Maria Sassoli, membre du Parlement Européen italien du Parti Démocrate, lors de la veillée œcuménique à Rome 2017

Monsieur Sassoli, à la veille du 60ème anniversaire des Traités de Rome, qui ont marqué la naissance de l’Union Européenne, en plusieurs endroits nous constatons combien l’Europe a perdu ses racines chrétiennes, concentrée comme elle l’est sur le financement, la bureaucratie et les intérêts nationaux, incapable de solidarité et d’accueil, et de projeter un développement central sur la personne. Qu’est-ce que vous en pensez ?

« Il faut tout d’abord que les chrétiens se fassent entendre davantage, et il doit y avoir des réseaux dans le monde chrétien qui donnent le relai à d’autres.  Parce qu’il y a des valeurs partagées, comme la paix, la cohabitation, la solidarité, la justice qui ont certainement une matrice chrétienne mais qui, de nos jours, sont assumés en tant que paradigme d’engagement politique, culturel, moral de la part aussi de citoyens qui ne sont pas chrétiens. Voilà les éléments qui font l’identité européenne : voilà pourquoi les chrétiens doivent être très contents parce que dans l’identité européenne nous retrouvons des valeurs qui appartiennent au monde chrétien. Mais, en ce moment, il est nécessaire que nous l’expliquions bien à nos citoyens parce que l’Europe fait peur, provoque l’anxiété, semble un poids, alors que nous avons besoin de faire de l’unité des européens la valeur nécessaire pour jouer le grand défi de ce siècle qui sera de donner une forme au marché global. La globalisation sans règles devient marginalisation, pauvreté, misère, elle peut être catastrophique  pour beaucoup de zones de la planète. Le grand défi de l’Europe est de donner des règles et des valeurs au monde. Parce que les règles du marché sans la défense des droits humains, le sens de la liberté et de la démocratie, ne seraient que des lois économiques qui font prévaloir le plus fort et nous ne le voulons pas. Donc le défi est celui-ci : les valeurs chrétiennes qui sont à l’origine de l’identité européenne aujourd’hui sont l’élément pour faire face au grand défi mondial ».

Pour surmonter l’écart entre les Pays économiquement plus forts et ceux qui sont en train de progresser, nous parlons d’une Europe « à deux vitesses » , qu’est-ce que vous en pensez ?

« Si cela signifie qu’il y aura une Europe de série A et une de série B, alors ça ne va pas. Au contraire, si cela signifie que certains Pays peuvent s’associer, comme cela est prévu par le Traité de Lisbonne, en tant que coopération renforcée et parier sur des politiques communes qui ne dénaturent pas les standards européens, voilà ce qui est intéressant. C’est de cette façon que nous avons fait l’euro, avec une coopération renforcée qui est partie de dix, onze Pays et ensuite d’autres se sont agrégés.  C’est une bonne méthode parce qu’en effet, dans les mécanismes européens, il est difficile de trouver l’unanimité. S’il y avait, par exemple, des Pays comme la France, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique et d’autres qui parient sur un défi commun, nous le souhaiterions vivement : nous aurions un noyau qui part et tire l’envolée et ensuite d’autres qui se regroupent ».

 Le nécessité de revoir les Traités a été souvent discutée. Pape François aussi l’a souligné dans son discours au Parlement Européen, en mai dernier, à l’occasion de l’attribution du Prix Charles Magne. Dans quelle direction doivent-ils être modifiés ?

« Nous devrions arriver à les changer, j’opte pour arriver à une Constitution européenne, mais je dois dire, avec réalisme et regret, qu’en ce moment, rouvrir la discussion sur les Traités cela peut être très dangereux, il faut être prudents. Si nous reprenons maintenant le problème de Schengen, qu’est-ce qu’il en serait alors de cette Europe et avec ces Gouvernements si nationalistes ? Des Gouvernements qui ont peur des invasions des immigrés. Il vaut mieux, maintenant, de se concentrer sur quelques politiques qui peuvent développer davantage l’Europe parce que c’est de cela que nous avons besoin au-delà des Institutions, des règles et des traités ».

Claudia Di Lorenzi

Interview avec Luca Maria Negro

Interview avec Luca Maria Negro

Luca Maria Negro, pasteur baptiste, Président de la Fédération des églises évangéliques en Italie (Fcei), lors de la veillée œcuménique à Rome 2017

Un évènement comme celui de ce soir, où diverses églises chrétiens se retrouvent unies pour prier, est la preuve que l’unité dans la diversité est possible. Comment l’affirmation et la protection de la propre identité et des traditions se concilie-t-elle  avec la rencontre et l’ouverture envers l’autre ?

« En tant que mouvement œcuménique, nous, nous constatons cela depuis au moins 50 ans, parce que le mouvement a comme slogan unis mais différents, unis en respectant les charismes que les diverses églises ont. Il s’agit aussi du slogan de l’Union Européenne, nous ne savons pas s’il a été pris en connaissance de cause par le mouvement œcuménique, mais nous croyons qu’il est, de nos jours, plus que jamais valable. Malheureusement il semble que l’Europe a perdu l’anima. Nous ne sommes pas arrogants et nous ne voulons pas dire que, l’âme de l’Europe, c’est nous, mais en tant qu’église, nous voulons témoigner de toutes nos forces que l’œcuménisme, le fait de dialoguer ensemble, de construire des sociétés qui dialoguent, de promouvoir l’œcuménisme laïque de la société soit fondamental » .

Récupérer les valeurs chrétiennes qui fondirent l’Europe signifie offrir un patrimoine valable pour tous les peuples, non pas seulement pour les chrétiens…

« En tant que protestants nous n’insistons pas d’une façon particulière sur la récupérations des valeurs chrétiennes, parce que cela donnerait l’impression que nous voulons les imposer aussi à ceux qui n’ont pas la même foi que nous. Mais il y a des valeurs comme celles du dialogue et de la solidarité qui sont aussi chrétiennes et qui peuvent être partagées par toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté. C’est cela que nous privilégions, la découverte de ces valeurs sur lesquelles  l’Europe est née parce que « Oui’ » , n’oublions pas que de nombreux chrétiens ont contribué à la croissance de l’Europe, mais il y avait aussi de nombreux laïcs qui l’ont fondée. Ces jours-ci, nous avons de nouveau évoqué que le Mouvement Fédéraliste Européen est né en Italie chez un Valois, Mario Alberto Rollier, mais il y avait avec lui des personnes laïques comme Altiero Spinelli, et que tous se sont retrouvés en travaillant pour construire une Europe unie ».

Comment est-ce que l’on éduque concrètement au dialogue ?

« Comment est-ce que l’on apprend à marcher ? En marchant. Il en est de même pour le dialogue. Il faut commencer, sortir de soi-même. Nous ferons certainement des erreurs, parce qu’il est parfois facile, même sans le vouloir, de blesser autrui outre sa sensibilité. Sous cet aspect, le mouvement œcuménique a certainement beaucoup d’expériences à partager avec ceux qui s’ouvrent pour la première fois au dialogue ».

Claudia Di Lorenzi