L’Europe telle que je l’imagine. La voix des jeunes

par | Fév 7, 2017

Depuis sa création, le rêve européen a été une occasion de surmonter les méfiances réciproques entre les peuples européens et les préjugés qui les ont accompagnées au cours des siècles. Toutefois, dans l’histoire de l’intégration européenne, le chapitre « jeunes » a été souvent sacrifié au profit d’autres thèmes non moins importants, comme l’environnement ou […]
Depuis sa création, le rêve européen a été une occasion de surmonter les méfiances réciproques entre les peuples européens et les préjugés qui les ont accompagnées au cours des siècles.

Toutefois, dans l’histoire de l’intégration européenne, le chapitre « jeunes » a été souvent sacrifié au profit d’autres thèmes non moins importants, comme l’environnement ou les droits des travailleurs. Les choses ont commencé à changer dans les années 90 et 2000, quand ont été élaborés, d’une part, des programmes d’échanges pour les jeunes, dont le plus fameux est Erasmus, entre étudiants en université, et d’autre part, des programmes de soutien à l’emploi, comme Garanzia Giovani.

L’Europe est une perspective séduisante pour les jeunes. Beaucoup la voient comme une opportunité de créer vraiment une communauté plus vaste d’hommes et de femmes, qui puissent chercher des points de contact entre cultures et traditions ayant déjà aujourd’hui une forte racine commune. L’Europe est aussi une opportunité de travailler et de voyager, d’élargir ses horizons et de ne plus se sentir enfermés dans nos frontières nationales désormais étroites. Les manifestations des jeunes après le Brexit, demandant à pleine voix de revoir le vote sur l’appartenance à l’Union Européenne, nous en dit long sur l’attachement que de nombreux jeunes ressentent désormais vis-à-vis de notre continent et de nos valeurs.

D’autre part, on se trompe si on pense que chez les jeunes prédomine une vision de l’Europe optimiste et rassurante. Chaque jour, notre génération se demande si les promesses de bien-être matériel et spirituel, d’égalité entre les peuples européens et d’amour entre nos nations sont effectivement tenues. L’Italie a un taux de chômage des jeunes de 40% et, que ce soit la faute de nos gouvernements ou de l’Union Européenne, le fait est que là où il n’y a pas de travail, il n’y a pas non plus de dignité (comme l’ont affirmé Benoît XVI et le pape François). La réaction européenne à la crise économique et fiscale a été lente et insuffisante, aggravant les inégalités et générant bien des souffrances. Si jusqu’à ces 5 ou 6 dernières années, aucune voix ne se levait contre le projet européen, elles sont nombreuses aujourd’hui à vouloir s’éloigner de ce rêve, le considérant désormais comme irréalisable. Dans ce contexte, les jeunes se rendent parfaitement compte des problèmes, de façon très lucide. La « génération Erasmus » se détourne du rêve européen, comme le montrent les préférences de vote en Italie, en Espagne et en France.

Pourtant, la perspective pourrait changer et être renversée, dans les pensées de ceux qui gouvernent l’Europe, à cause de l’avenir des jeunes. Quel monde nous attend ? Une société divisée, injuste et marquée par la peur, ou bien une société qui soit unie et dont les citoyens vivent dans la sécurité, qui défend l’État de droit et envisage l’avenir avec espérance ? La différence entre avoir l’Europe et ne pas l’avoir se situe là. Pour préserver l’avenir des jeunes, nos gouvernants doivent faire quelques sacrifices. Nous ne parlons pas de réduire le nombre de voitures ni de baisser les salaires, objectif qui nous semble désormais atteint, avec un peu trop de zèle. Non, le véritable sacrifice est de renoncer au pouvoir pour un but plus élevé. Pourquoi, par exemple, n’a-t-on pas encore créé un ministère de l’économie européen ? Nous sommes une Union avec une monnaie et sans État. Pourquoi n’existe-t-il pas une diplomatie européenne ?

Conserver des relations diplomatiques officielles entre Pays qui font partie de ce qui est, à bien des points de vue, presque une confédération (et dont les ministres s’entendent tous les jours), c’est gaspiller de l’argent. Pourquoi n’existe-t-il pas de véritable élection pour le président de la Commission européenne ? Avoir la possibilité de voir, à la télévision ou sur les places, qui gouvernera l’Europe, pourrait engendrer une plus grande responsabilité en haut lieu et une plus grande conscience pour le peuple. Pourquoi ne fait-on pas cela, ou avance-t-on si lentement, presque avec lassitude ?

Le chrétien connaît la réponse, parce qu’il connaît bien la différence entre le pouvoir utilisé pour soi-même et le pouvoir qui a pour but la bonne gestion de la communauté, dont les responsables politiques se doivent de prendre soin. Les jeunes sont certainement prêts à soutenir le rêve européen, à la condition qu’il parte d’une communauté d’hommes et de femmes et non d’intérêts et de règlements. Ce n’est qu’avec un objectif commun et une conscience de partager le même destin et le même chemin que l’on peut accomplir l’indispensable saut culturel dont l’Europe a besoin. Un saut que l’on peut faire demain, parce qu’une fois encore, c’est le choix des hommes qui change le cours de l’histoire.

 

Federico Castiglioni (Rome, 17/11/88). Diplômé en Sciences politiques avec félicitations du jury à l’Université Rome 3 et actuellement doctorant en Études européennes à la même université. A publié plusieurs articles de vulgarisation et scientifiques, en italien et en anglais, toujours sur des thèmes liés à l’actualité européenne ou au rôle de l’Union Européenne dans le monde. Est responsable des relations externes des Jeunes Fédéralistes Européens (JEF Italy) et délégué au Forum italien des jeunes.

0 commentaires

Laisser un commentaire

S’abonner à la newsletter

Leave this field blank

ARTICLES EN LIEN

Called to Hope

Called to Hope

C’est grâce à Dieu que nous pouvons espérer et l’espérance est nécessaire
dans le monde d’aujourd’hui. En 25 ans de coopération fraternelle, nous avons découvert un chemin qui appelle le peuple de Dieu à l’unité et montre à notre société plus de fraternité. Le 31 octobre 2024 marque l’anniversaire de la fondation d’Ensemble pour l’Europe et de la signature de la Déclaration commune sur la doctrine de la Justification. Une raison de remercier Dieu et de découvrir de nouvelles perspectives.

Racines chrétiennes et avenir de l’Europe

Racines chrétiennes et avenir de l’Europe

Le soir de la Journée de l’Europe 2024, Jeff Fountain, directeur du Centre Schuman d’études européennes à Amsterdam, et l’ancien Premier ministre slovaque Eduard Heger se sont exprimés lors d’une conférence en ligne sur le thème : « Parlons et prions pour l’Europe ». Plus de 100 participants en Europe ont suivi les présentations avec grand intérêt.

Réveille-toi, Europe !

Réveille-toi, Europe !

Ensemble pour l’Europe (EpE) en Belgique a célébré la Journée de l’Europe en collaboration avec le Centre Schuman. La conférence « Wake up Europe » était préparée en collaboration avec la Chapelle pour l’Europe, le comité EpE Belgique, l’AEE (Alliance Évangélique Européenne) et l’église des Carmes, où s’est tenu le Forum. Les participants au forum venaient de divers pays d’Europe occidentale et orientale (Belgique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Allemagne, Italie, France, Ukraine), ainsi que quelques participants d’Arménie.